1998, Une première mondiale

Peggy Bouchet

L’impossible recule devant celui qui avanceElla Maillart

Tout au long de ces deux années de préparation, je rêve de ce moment, celui où je m’éloignerai lentement de la côte de Gran Canaria, pour contempler l’horizon qui se profile coup d’aviron après coup d’aviron, et me fondre petit à petit dans ce tableau océanique aux mille gammes de bleu, éveillant un plaisir sublime.

Certains considèrent cette traversée comme une histoire d’homme avant tout, de gros bras. Mes parents, mais aussi ceux aussi qui me connaissent, ont tout essayé – persuasion, dissuasion – pour me prédire que ce rêve se transformerait en cauchemar, à la merci de la solitude, de la nuit, de ces 5500 kilomètres, des caprices de la mer et du vent. Alors que de l’extérieur tout semble fatiguant, inconfortable, dangereux, je n’ai qu’une réponse à leur faire : il faut aimer l’aventure, la mer et se donner les moyens de réaliser ses rêves. Je ne veux pas me contenter d’exister, je veux vivre…

A 24 ans, audacieuse, pugnace et déterminée, je veux traverser l’Atlantique à la rame, être la première femme à accomplir un tel exploit.

Le 10 mars 1998, à 9 heures GMT, je prends le large.