PEGGY BOUCHET
1ère femme à avoir osé traverser l’Atlantique à la rame
2000 : Seule la Victoire est Belle
Crédits photo : Jean-Marc Lecerf
Les dernières heures
5 janvier 2000, je n’ai pas dormi depuis 36 heures, à quelques milles de couper ma ligne, mes sentiments sont confus : appréhension, nostalgie, stress. Je m’interdis de me laisser envahir par un quelconque sentiment de bonheur par crainte de connaître la même mésaventure, la même injustice que l’année dernière au large de la Guadeloupe. Je suis épuisée physiquement et mentalement. Je savais que cette seconde traversée serait très éprouvante. Elle l’a été… bien au-delà de ce que j’avais pu imaginer. Je suis vraiment allée au bout de moi-même.
À une heure de cette ligne qui depuis des semaines et des mois est devenue mon obsession de chaque instant, je dois composer avec une mer agitée, des courants forts. Les médias me contactent pour recueillir mes impressions. Je fais preuve d’une certaine réserve pour conjurer le sort et rester concentrée.
Crédits photo : Jean-Marc Lecerf
Je l’ai fait !
À l’instant où je coupe ma ligne d’arrivée en Martinique, pour moi le temps s’arrête : d’un côté la ligne d’horizon, de l’autre les côtes antillaises et dans ma tête, la carte de l’Atlantique, l’immense soulagement et la grande fierté de pouvoir dire « Je l’ai fait ! ». Mon regard se pose sur ma citation, ma devise, une phrase écrite avant mon départ à l’encre indélébile dans ma cabine : « Oser toujours, céder parfois, renoncer jamais ! ». Le soleil se lève à peine, les premiers bateaux sont venus à ma rencontre, j’aperçois les premières couleurs de la terre, les regards humides et les sourires, les premiers « Bravo ».
Crédits photo : Franck Faugère (DPPI)
Un bonheur inoubliable
J’aimerais que cet instant se déroule au ralenti pour en savourer chaque seconde. Je suis heureuse, fière de l’effort accompli. Le film de ces quatre années d’aventure, de rires et de larmes défile dans mon esprit. S’il m’était seulement loisible de recueillir ces souvenirs pour en conserver l’intensité…
Je pense à toutes les personnes qui m’ont soutenue, aidée. Je les en remercie et les associe à cette victoire. Je sors mûrie de cette expérience, enrichie, et je pense à tous ceux qui ont envie de tenter leur chance : qu’ils sachent que leur rêve est à leur portée.
Quant à moi, ce qui me restera c’est l’immense bonheur d’avoir réussi, d’être allée au bout, et même au-delà, de moi-même.
PEGGY BOUCHET
« Oser toujours , céder parfois, renoncer jamais » ©
1ère femme à avoir osé traverser l’Atlantique à la rame